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1 Introduction

Le dharma:

Dans la bhâgavad gîta — bible de l'Inde —, il y a ce passage important où Krishna dit à Arjuna: «Prends refuge en Moi Seul, abandonne tous les dharmas» (ce «Moi Seul» est censé représenter le Divin). C'est-à-dire qu'on peut toujours se poser la question de trouver des moyens techniques pour réaliser son existence, et accomplir le Dharma. Dharma en sanscrit est une notion qui s'accompagne toujours du Karma. Alors le karma, c'est une notion qui a été très développée, c'est la loi de l'action c'est-à-dire ce que l'on récolte, conformément non seulement à la manière dont on a agi mais aussi conformément peut-être à une partie des intentions... Il est clair que quand certaines intentions sont pures et belles et que les conséquences ne sont pas à la hauteur de l'intention, en quelque sorte, dans la loi du karma il y a une pénalité moins grave que si l'acte est mauvais et procède lui-même d'une intention qui est mauvaise. Ce concept, naturellement, est repris dans les religions avec la notion de la Grâce ou de la Providence, puisqu'on peut dire d'une manière générale que les êtres humains sont remplis de bonnes intentions mais avec des résultats et des conséquences dans l'application de leurs intentions qui sont toujours sujettes à caution et même parfois qui aboutissent à des résultats absolument contraires à ceux de l'intention, bon, c'est un grand sujet de méditation, la guerre, les conflits, tout cela avec des intentions assez pures au départ.

Donc cette notion de Dharma, c'est en quelque sorte la loi de conformité à l'Univers. Et elle peut être analysée sur différents plans, c'est-à-dire qu'il y a déjà, sans doute, un dharma pour l'espèce humaine, une loi d'évolution spirituelle qui concerne toute l'espèce humaine et qui est différente de la loi des animaux, des anges ou des esprits, ensuite il y a un dharma qui, probablement, est propre à chaque souche de l'espèce humaine, c'est-à-dire les grandes ethnies, que l'on peut distinguer soit par la géographie soit par la couleur de peau. Donc là, vous savez qu'il y a trois grandes races: la race asiatique, la race blanche, la race noire - les peaux rouges étaient en fin de compte certainement dérivées de la race asiatique — et l'on peut penser qu'il y a un dharma propre à ces races, c'est-à-dire que lorsque l'on naît sur un continent particulier, on a peut-être une perception qui est déjà légèrement différente de celle des autres races. Et, par exemple, un blanc qui naît en Afrique, comme il a le karma génétique de la race blanche, il hérite aussi normalement de son dharma, et l'on va voir que les grands péchés des races sont les complémentaires de leurs grandes qualités, les grandes tares qui sont propres aux races sont absolument équivalentes sur le plan négatif des qualités qui les distinguent des autres races. Le problème d'être déraciné.... C'est intéressant que l'intervenante pose cette question parce qu'elle a le Nœud Nord en maison 4... Alors ça l'intéresse beaucoup. Mais il n'y a pas de réponse générale.

Pour le dharma de l'espèce humaine, moi j'ai l'impression que c'est Sri Aurobindo qui l'a le mieux défini, c'est-à-dire une évolution de la conscience dans la matière et pour transformer celle-ci, non pour abandonner le plan terrestre et aller sur un autre plan...

Le dharma des races, on le trouve un petit peu dans la vision que les races se font en général du Créateur et de la société.

Mais ensuite, bien sûr, on arrive au cœur du problème qui est le dharma individuel. Alors celui-ci, justement l'astrologie nous permet de le repérer, donc on peut après énumérer tous types de dharmas individuels où tous les individus humains partagent d'une manière personnelle un de ces douze chemins, alors ça, c'est l'objet de ce que l'on va traiter. Seulement, je tiens beaucoup à cette phrase de la bhâgavad gîta «Prends refuge en Moi Seul, abandonne tous les Dharmas», que l'on doit comprendre aussi dans son contexte qui est celui de la culture hindoue, où la religiosité fait tellement parti de la vie quotidienne que la culture a mécanisé un petit peu cette idée de dharma, où chacun essayait de rendre grâce à Dieu et d'accomplir son dharma, mais non pas d'une manière éclairée et réfléchie mais plutôt à travers des tâches répétitives, des mécanismes ou des rituels, ou enfin tout ce genre de choses qui perpétuent des habitudes sur le plan des événements et qui donnent le change à la conscience sans qu'elle évolue vraiment.

Les trois voies générales.

Maintenant les trois dharmas principaux sont les trois voies d'évolution que nous pratiquons tous et toutes même si on ne les a pas encore identifiées, donc il y a un chemin d'évolution spirituelle qui privilégie la réflexion, la connaissance des principes, c'est-à-dire des vraies choses qui agitent les apparences, et on appelle cette voie le Jnana yoga, le yoga de la connaissance, entendu que c'est par une activité de l'esprit sur lui-même — l'esprit étant chargé de déchiffrer les événements de l'existence, la nature des relations que nous entretenons avec les autres, avec le monde, avec nous-mêmes — c'est un Dharma où l'on évolue en fin de compte par la remise en question de ses propres contenus psychiques puisqu'il s'avère qu'ils sont programmés, conditionnés très profonds.

Il existe, ensuite, un autre dharma essentiel qui est le Karma yoga, c'est-à-dire que l'on agit (karma = action ), mais au lieu d'agir pour soi, pour son intérêt personnel ou pour réaliser ses ambitions personnelles, on agit avec le maximum de sincérité, pour le Divin, pour le bien du monde, bien sûr il y a toujours le risque de se tromper, mais il y a des individus qui sont tout à fait aptes à pratiquer le karma yoga, c'est-à-dire à tellement épurer leur type d'action qu'à travers des actions de plus en plus transparentes, ils agissent vraiment dans un sens d'évolution et leur âme commence à régir l'ensemble de leurs perceptions. En effet, ces types de dharma universels sont censés permettre le passage en avant de l'être psychique ou de l'âme, le principe qui se réincarne, ils aident l'épuration de l'attachement aux programmations biologiques qui un jour emmène elle aussi à une réalisation tout à fait merveilleuse, tout à fait extraordinaire qu'on appelle la libération du mental, le Soi, ou la paix de l'esprit également.

Et le troisième type de dharma qui convient d'ailleurs particulièrement bien au sexe féminin, c'est le Bakti yoga. Ici on ne va pas creuser systématiquement les choses comme avec le jnana yoga, ou on ne va pas être toujours en train de transformer ses propres modalités d'actions comme avec le karma yoga, mais on part dans une voie qui est la reconnaissance de l'amour dans le monde — qui va toujours de pair naturellement avec la reconnaissance de l'amour qui manque, étant en quantité beaucoup plus importante que l'amour qui existe — mais c'est une voie à part entière puisqu'on peut consacrer sa vie et son travail au Divin, et même en aimant le Divin finalement avant de le connaître, donc on peut dire que c'est la voie mystique.

Dharma et Karma sont indissociables.

D'une manière générale, dans l'évolution des individus, il est plus pratique dans les premières étapes de s'en tenir à une voie, et puis plus on évolue et plus les voies deviennent compatibles et on peut les réunir. Parce qu'il y a tout de même tout un travail à faire qui est un travail de conformité à la loi de l'univers, et pour retrouver cette conformité à la loi de l'univers, il faut naturellement s'affranchir de toutes les actions qui ont pu faire dériver, s'éloigner de cette conformité, donc c'est une erreur monumentale dans le développement personnel de dissocier le karma et le dharma parce qu'en Inde ces notions ne sont absolument pas dissociées, mais comme nous, on a l'esprit très pratique, et que le dharma c'est ennuyeux alors que le karma c'est gratifiant, on s'imagine qu'on a eu d'autres vies etc. On a largement développé l'investigation du karma au détriment de celle du dharma alors que l'un ne va pas sans l'autre. Cela n'a strictement aucun intérêt de découvrir son karma si on ne connaît pas son dharma, sauf exception si la découverte du karma permet de fixer un nouveau dharma. Problème parfois compliqué, à savoir si on commence par nettoyer le passé avant de se diriger dans le spirituel ou si on commence dans le moment à se consacrer au spirituel tout en attendant de nettoyer ce qui vient du passé. Alors là tout est possible, on s'y prend par le côté où on veut finalement, c'est une question de répartition des éléments, il y a des gens pour qui c'est vraiment nécessaire qu'ils viennent à bout du passé avant d'avoir confiance dans l'avenir, il y en a d'autres qui doivent entreprendre, puis à un moment ils sont rattrapés par le passé qu'ils n'ont pas résolu, c'est très différent pour tous les individus, ce genre de choses.



2 Les Nœuds Lunaires: Point de repère de l'âme.

Ce que l'on retient donc du Nœud Nord, c'est qu'il constitue un axe avec le Nœud Sud et cet axe va nous donner la nature du chemin d'évolution, c'est-à-dire, quoi qu'on vive, quoi qu'on fasse, on peut se repérer par rapport à l'axe Nœud nord/Nœud sud, c'est un point de repère. Pour cela aussi, c'est une erreur de vouloir faire de l'axe des nœuds un truc où il n'y a que ça, c'est la tendance, la démocratisation karmique où l'on s'imagine que l'on a trouvé la voie du karma, et puis nœud nord nœud sud terminé... On se réfère à l'axe des nœuds comme étant des points de repère permanents, et cela doit tramer, sous tendre une grande partie des événements de la vie, mais se focaliser là-dessus d'une manière trop forte, c'est une erreur puisqu'on va oublier tout ce qui navigue dans le reste du thème. Donc c'est vrai qu'au début ce n'est pas évident de voir la relation, ce qui est sûr c'est que si ce type d'astrologie se développe, normalement on peut donner une consultation entière sur l'axe des nœuds qui devrait intervenir très certainement après déjà un suivi où l'on connaît la personne depuis quelques mois, parce que l'on aura vu comment les énergies sont barattées dans les premières consultations, les premiers contacts, c'est-à-dire reconnaissance des conditionnements, confrontations aux programmations dont le sujet cherche à s'affranchir — plus d'autonomie ou plus d'ouverture —, moi ou non-moi, toute cette série de positions de l'esprit; et à un moment donné l'astrologue devrait pouvoir découvrir comment aborder le problème de l'axe des nœuds.

Alors cet axe on pourrait l'appeler le champ d'action privilégié de l'âme. C'est-à-dire le mental peut avoir son champ d'action, Mercure peut avoir son champ d'action privilégié, Vénus, le besoin de relier, de créer de la relation harmonieuse, peut avoir son champ d'action dans une maison, un signe, un élément, etc. Et en fin de compte, l'âme qui est donc le principe conscient qui est tout au fond — vraiment tout au fond car pour le faire passer devant, cela prend plusieurs existences — le problème c'est que la conscience de l'âme est capturée par finalement tout ce qui la recouvre, c'est-à-dire, en amont, les trois grandes programmations.

Les programmations existentielles.

A) La programmation biologique: la nécessité de survivre l'emporte sur les considérations métaphysiques, et nous subissons tous une forme de programmation où nous devons faire face aux besoins physiques — manger, dormir etc.

Donc, les manifestations inconscientes dans l'univers psychique de la programmation biologique, c'est en premier lieu le besoin de sécurité, qui est une chose qui remonte de la mémoire génétique, de la lutte des espèces pour survivre et quand on se trouve confronté à un besoin de sécurité très fort, cela veut dire qu'on est en train de titiller la programmation biologique, et de chercher à la dépasser. Par exemple, les gens qui sont très marqués par les signes de Terre et qui ne veulent pas lâcher des trucs qui rapportent, même s'ils en ont ras le bol, plutôt que de prendre un risque. Bien sûr, cette programmation biologique, on peut penser qu'elle est peut-être répartie avec un coefficient différent dans les éléments en tout cas, et le besoin de sécurité — sous des formes différentes et c'est toute l'astuce et la ruse de la Nature — est très fort chez le Taureau, la Vierge et le Capricorne. Besoin de sécurité matérielle. Après on trouve quelque chose de plastique avec le besoin de sécurité émotionnelle et affective qui caractérise les signes d'Eau.

Donc l'âme est bien capturée par cela, c'est-à-dire avant de s'occuper des grandes choses, il y a la programmation biologique, manger, dormir, penser — on n'est plus des animaux, on pense d'une manière instinctive et c'est tout le problème de l'humanité, c'est que la pensée n'est pas au service de l'âme, donc elle ne fait que mettre à jour les programmations des différents plans et, en fin de compte, après le libre arbitre est là et peine quand il doit choisir entre privilégier un certain type de programmation par rapport à un autre type de programmation... Et c'est ce qu'on appelle le libre arbitre, qui a une terrible difficulté à assouvir en même temps différentes programmations rivales. C'est pour cela que le mieux est d'arriver au stade où le Divin décide tout, mais Sri Aurobindo semble y être arrivé, Hallaj aussi, mais avant cela il faut supporter des choses qui sont relativement difficiles... C'est la consécration totale, c'est abandonner tous les dharmas, et là au moins il n'y a plus de problème de rivalités, de volonté personnelle puisqu'il y a une fusion totale avec le Divin. Avant cela il faut expérimenter le choix, la rivalité des programmations.

La seconde programmation qui capture la conscience de l'âme c'est:

B) La programmation vitale «dans la terminologie de Sri Aurobindo» ou «astrale dans la terminologie ésotérique»: c'est le monde du Désir, en particulier le désir sexuel. C'est un monde chatoyant, fascinant, qui semble nourrir l'identité à partir de ce qui est agréable et qui donc suscite des ambitions subjectives, on se dit «tiens, quand j'aurai cela, ce sera très bon, donc il faut l'obtenir». Dans la programmation vitale, on trouve l'attachement aux satisfactions des sens, et d'ailleurs c'est pour cette raison qu'un grand nombre d'enseignants spirituels préconisent ce qu'on appelle la «tapyasa», la discipline, pour venir à bout de l'insistance de cette programmation vitale. Maintenant cela peut se discuter, parce que comme c'est tout l'inconscient qu'il faut pacifier, il semblerait qu'on ait découvert que l'inconscient, c'est-à-dire les programmations inconscientes peuvent être mieux pacifiées après expérimentation qu'en y renonçant comme cela par principe, c'est vrai pour la gourmandise, pour la sexualité, même pour la possession matérielle, en possédant les objets qui pouvaient fasciner on se rend compte qu'il y a une limite à la possession de ses objets alors qu'avant, tant qu'on n'en a pas joui, la programmation de l'inconscient peut être tellement virulente qu'on peut fixer, cristalliser une obsession pour obtenir ce qui semble manquer. Donc là aussi nous devons prendre des précautions avec la manière dont la programmation vitale est vécue par les individus, c'est très difficile et très intime aussi, de savoir si cette programmation constitue un obstacle actif en quelque sorte contre l'émergence de l'âme, c'est un obstacle actif effectivement pour les gens qui choisissent de cultiver cette programmation, donc c'est vrai que les gens qui abusent des satisfactions vitales, sexuelles, des sens à travers l'ivresse, la nourriture, du bien-être vital à travers la possession des biens matériels, là il y a un gros risque effectivement de ne plus pouvoir réveiller l'âme, parce qu'on peut se prendre au jeu de cette fascination, du chatoiement des forces vitales. Mais pour la majorité des individus, la programmation vitale, elle cache plutôt les besoins de l'âme, par exemple on peut aimer une personne, les autres ou les enfants et que toute la capacité d'amour pour le Divin soit capturée par l'amour, qui d'ailleurs est très souvent faux, que l'on porte à des personnes, des enfants ou des amis. Parce que, ce que peut aimer l'âme n'a pas de nom, n'a pas de forme et n'a pas d'objet particulier. L'amour de l'âme ne peut pas particulariser, ce n'est pas possible, où on aime ou on n'aime pas, si on aime on aime tout, si on n'aime pas on n'aime rien. Le vrai amour divin, de l'âme, ne peut pas particulariser d'objet parce que ce serait instituer des différences, donc des préférences. En revanche, la programmation vitale permet de particulariser les objets, les êtres qu'on choisit d'aimer etc., ce n'est pas négatif dans le procédé même, le problème c'est la limite de ces choses-là. Si on se cantonne dans l'attachement vital ou l'attachement affectif, comment passer à une dimension spirituelle supérieure?

Donc on peut dire que l'âme tout au fond est enrobée par tout un tas de choses qui finissent par former des filtres, alors qu'elle est consciente, l'âme, il n'y a pas de doute là-dessus. Mais ces filtres l'empêchent d'être consciente d'elle-même directement, et le rôle du Dharma c'est bien sûr de restituer la conscience de l'âme.

La troisième programmation qui intervient pour cacher la conscience de l'âme c'est:

C) La programmation mentale: on est forcé de l'attraper tout petit, on naît quelque part et on hérite d'un tas de choses. Cette programmation est inconsciente, c'est une inféodation aux croyances religieuses, aux opinions du milieu, aux valeurs de l'époque, et elle se trouve légèrement rectifiée, particularisée, par le sujet, à cause de l'énergétique du thème natal, il se fait un petit peu sa propre tambouille dans le conditionnement général, mais ce n'est pas ce qui le déconditionne. Tout le monde se fait une petite tambouille, en politique Droite/Gauche, ou athée/croyant, cela ne change rien à la puissance de la programmation mentale, mais elle est simplement particularisée au bout de la chaîne par les énergies de la personne, les énergies du thème. Donc, évidemment, ces programmations ont des lieux privilégiés dans le thème, dans l'axe des nœuds, c'est en quelque sorte le lieu du thème où l'on peut chercher à dissoudre l'ensemble de ces programmations par une attitude particulière, symbolique de la maison.

L'importance des planètes conjointes aux Nœuds lunaires

Je pense que toute planète (éventuellement l'Ascendant), qui est dans la même maison que le Nœud Nord, a un rôle très particulier à jouer. C'est l'auxiliaire de l'âme, mais c'est un auxiliaire que l'âme doit découvrir. C'est difficile, par exemple en voyage cela peut arriver, il y a des enfants qui se proposent pour être des guides, on ne sait pas alors s'ils veulent de l'argent, nous emmener on ne sait pas où, alors c'est un peu cela, est-ce qu'on peut faire confiance? Est-ce que l'âme peut faire confiance à une planète qui est conjointe au nœud nord. Parce qu'en fin de compte, l'âme a envie de faire confiance aux planètes qui sont conjointes au Nœud Sud... Mais est-ce qu'on a mieux à faire que de chasser la planète conjointe au nœud nord, c'est-à-dire de suivre sa piste avec une certaine crainte au début, et puis en se rapprochant, découvrir qu'elle est disponible? Elle est là, alors tout le problème c'est la reconnaissance, reconnaître la pérennité de ce qui est caché, et non pas agiter des actions pour meubler... Déjà, se reconnaître soi en tant qu'âme, c'est un pas qui n'est fait que par une minorité d'individus sur la terre. Une fois qu'on en est là on peut reconnaître d'autres choses, et cela ne s'arrête plus, on est pris dans un engrenage. On peut encore échapper à la transcendance tant qu'on suppose qu'on n'a pas d'âme, mais une fois qu'on tombe dessus, c'est fini... Tout devient beaucoup plus intense et profond. On va être coincé avec les autres, avec le milieu socioculturel, le métier, etc.. On rentre dans le monde où tout ce que nous vivons va n'être que l'apparence des principes, que l'épiderme de choses cachées avec lesquelles on rentre en relation, et puis on voit tout le monde s'agiter en prenant ces apparences pour le principe même, donc entrer dans le monde de la transcendance c'est commencer à reconnaître... Déjà on reconnaît qu'il existe un chemin de l'évolution: c'est le Nœud nord, on reconnaît qu'on a une expérience acquise: c'est le Nœud sud, et ensuite dès qu'on déclenche le travail sur le nœud nord ça fait une navette Nœud nord/Nœud sud, et on régresse dans le nœud sud pour revenir dans le nœud nord...

Le problème de la perpétuation des acquis (Nœud Sud)

Il n'y a pas de raison que l'on jouisse des acquis karmiques si on ne réveille pas le Nœud Nord. C'est en commençant par s'occuper de trouver un chemin que l'habileté spirituelle, acquise dans le Nœud sud, revient, après, cela fait une navette. Ce qui est très intéressant c'est que tous les acquis karmiques, d'abord ils se manifestent sous une forme inconsciente, innée d'accord, mais inconsciente. On peut dire que toutes nos tendances disons supérieures, au-dessus, en tout cas une partie de nos tendances supérieures, d'amour, d'ouverture, de compréhension, pourquoi pas de détermination dans le cheminement spirituel, d'autonomie propre dans la conscience, etc., toutes ces choses-là, même si elles sont acquises par l'âme au cours du labeur des vies, c'est quand même occulté et cela s'exprime d'une manière spontanée et inconsciente pendant le stade de l'enfance, et tout cela, il faut le réactiver.

Il y a justement cette parole connue: «beaucoup d'appelés et peu d'élus», c'est que si on ne va pas suffisamment loin, les yeux bandés vers le nœud nord, c'est-à-dire sans la mémoire — vu qu'on l'a oublié — donc si au départ on ne va pas suffisamment loin dans l'obscurité vers le nœud nord, vers la signification de sa propre existence, l'acquis du nœud sud peut rester lettre morte, toute la vie. Là il y a un stade d'initiation très intéressant, parce qu'il faut faire une partie du chemin avec le libre arbitre, il faut que cette âme soit confrontée à toutes ses programmations, qu'elle se définisse par rapport à des valeurs, et à un moment, si on va assez loin dans ce chemin, la conscience, elle veut plus d'intensité, plus de beauté, plus de largeur, plus de vérité, plus de justice, bref toute la symbolique supérieure de Neptune. Et là, si on fait un pas et que l'on enracine la voie du nœud nord, il y a forcément des choses qui reviennent du nœud sud. Ce n'est pas si idiot ce que disait Platon sur la réminiscence, c'est-à-dire que l'on peut très certainement jouir au moment opportun d'une habileté acquise, quand elle est nécessaire et qu'on l'a réveillée. Si ce n'est pas réveillé, cela reste enfoui dans la mémoire et indisponible et inutilisable. Mais à partir du moment où on fait des expériences spirituelles, il y a des choses qu'on retrouve au sens propre du terme. Après, le grand problème qu'on trouve dans de très nombreuses mythologies c'est: pourquoi c'est caché? Pourquoi à cinq-six ans, tout le monde ne se rappelle-t-il pas, pourquoi on ne naît pas avec la conscience de l'immortalité, ce qui changerait tout... Je pense que c'est une des possibilités de la manifestation supramentale dans les millénaires à venir, ce serait déjà bien de nettoyer cela et que la notion d'immortalité soit personnelle, pratiquement acquise dès le départ, dans l'éducation, mais pas avec le poids du karma qui bousille tout. Bon, il faudra vibrer à un autre niveau, il n'y aura peut-être plus autant de gens sur la terre, je n'en sais rien...

Mais il y a une solidarité extraordinaire entre le nœud nord et le nœud sud. Si on va vers le nœud nord, cela peut être un inconnu, et cet inconnu va ramener du connu, cela c'est intéressant. Par contre, si on va vers le nœud sud, sans aller vers le nœud nord, alors là c'est très dangereux, c'est comme cela qu'on se fabrique du mauvais karma. Exemple, une personne que je ne peux pas nommer, qui frime à 99 pour cent, et qui a un amas de planètes en maison 10 et en Nœud sud, c'est-à-dire une facilité de contrôle sur les autres et sur l'image qu'il donne, phénoménale... Le Nœud nord est en maison 4 et il n'y va pas. C'est un individu qui est perçu par les autres comme «diabolique», au sens propre du terme, c'est-à-dire qu'on ne se doute pas, vraiment pas dans la première approche de ses motivations etc.. Il a une intelligence largement supérieure, mais alors au service d'un hypercapitalisme, etc. Cela peut aller jusqu'à fonder une religion artificielle, basée sur les frustrations des individus. Donc son nœud sud en maison 10 je ne sais pas depuis combien de vies il l'exploite, mais POWER! Et ça peut être terrifiant. Il a dupé tout le monde, car quand je l'ai connu il disait «ça y est, cette fois j'ai compris, je vais arrêter...»... Il a été un escroc très jeune... Donc c'est très important l'axe des nœuds, lui, il avait l'occasion d'essayer de venir à bout du mensonge dans lequel il vit, parce que c'est quelqu'un qui a acquis une force de persuasion qui est un vrai pouvoir magique, si on reste un moment avec lui on ferait n'importe quoi pour lui, tout cela ce sont des acquis karmiques, il pouvait les utiliser d'une autre manière, mais non, Nœud sud conjoint au moins à quatre planètes rapprochées pile sur le milieu du ciel, et nœud nord en quatre sans planète, il n'y va pas, il ne va pas voir les valeurs, donc le mauvais karma c'est quand même une perpétuation par définition de l'acquis, et même si c'est un bien acquis, on ne peut pas toujours faire de la même chose, donc on peut douter qu'il faille toujours perpétuer la même chose, que cela soit négatif ou positif. Parfois, il faut commencer autre chose. Les êtres de connaissance par exemple, s'ils ne découvrent pas un jour la Bakti, ils plafonnent... Il y a des grands maîtres spirituels comme cela, chez les hommes en particulier, parce que la femme est naturellement tournée vers la bakti à travers le phénomène de la maternité, elle a une conscience même rudimentaire de ce que peut être la bakti, mais c'est quand même une conscience très nette, la Bakti étant la consécration de soi à l'amour, de Dieu, du Divin, comme les Saintes, etc.. Alors qu'il y a des maîtres spirituels très développés qui plafonnent, qui ne peuvent pas passer à la bakti.



3 Les Gunas dans l'évolution spirituelle

Le nœud nord est infiniment respectable dans un thème, puisqu'il sert de point de repère, de trame sous-jacente, et c'est un fil conducteur. C'est-à-dire une manière privilégiée d'utiliser sa propre existence, ou plutôt dont l'âme peut utiliser l'existence. Alors des conflits entre les programmations existentielles et le désir de l'âme, c'est la somme de ce qu'on trouve dans le discours mystique: ceux qui luttent contre le désir sexuel, d'un tas de choses au nom de l'âme, la rivalité entre le besoin de totalité et de pureté de l'âme et les programmations existentielles, c'est là tout le discours mystique qui est une véritable mine de découvertes sur le passage de l'inconscient au conscient, soit en le refoulant, en le bridant ou en le sublimant, soit en le transformant, par exemple transformer l'amour humain non vécu en amour divin pour ceux qui sont capables de le sublimer, etc..

Mais tout dépend, selon chacun, de la distribution des Gunas, les fameuses qualités de la Nature, et comment elles s'équilibrent. La première — le Tamas — correspond à cette première programmation que nous avons vue, celle des besoins physiques, du besoin de sécurité, etc..: si une personne est très tamasique, comme on dit en Inde, effectivement, il faut une discipline pour la réveiller, sinon elle «dort» du matin au soir, elle fait ce qu'on lui dit de faire, «tu te réaliseras comme cela», «d'accord». Si le Tamas est vraiment devant, nécessairement il faut, non pas torturer le corps et les besoins physiques, mais enfin, il faut réveiller autre chose, que le besoin de sécurité matérielle et l'endormissement physique s'amoindrissent. On ne peut pas non plus détruire le tamas, puisque transformé, c'est lui qui donne la Paix et la Permanence.

Ensuite, une personne qui est très Rajasique, c'est-à-dire qui est très ouverte sur le monde, qui a beaucoup de désirs, capable d'initiatives, on ne peut pas la priver des satisfactions qu'apportent le désir et la réalisation des désirs, ce n'est pas possible, car sinon à ce moment-là elle n'a plus aucune chance de découvrir ce qu'on appelle la Bhoga, c'est-à-dire la jouissance pure de l'existence, qui existe sur le plan hautement spirituel, supramental aussi, et qui au départ existe à travers par exemple la satisfaction sexuelle, donc il faut être très prudent sur les voies d'évolution... A priori, il n'y a rien à rejeter, par principe, mais il y a tout à dépasser... Maintenant, quelqu'un qui est possédé par la programmation rajasique, donc du Vital, c'est vrai que, s'il ne se calme pas, s'il ne transforme pas sa sexualité, par exemple en sexualité tantrique, si à travers cela il ne découvre pas autre chose qui transforme la programmation initiale, biologique, c'est vrai qu'il n'a aucune chance de s'en tirer; il peut perpétuer un attachement à cela, c'est pourquoi il existait des techniques anciennes, sexuelles, de transformation de la sexualité, sans y renoncer, et Sri Aurobindo rend hommage aux tantriques, qui sont des gens qui sont restés en contact avec la vie et même la vie sexuelle, mais qui ont trouvé un autre moyen de la vivre, et qui ont cherché à changer le monde (bien qu'aujourd'hui, même en Inde, ces mouvements soient très peu recommandables). Ce qui est sûr, c'est que, quand on abandonne complètement le plan rajasique, c'est-à-dire le plan de la satisfaction du désir, en général on finit par se moquer éperdument de la destinée humaine. C'est un peu le problème de l'hindouisme traditionnel, où une fois que le monde vital est complètement dépassé et qu'on arrive dans le Soi, dans le Brahman, à partir de là la vie n'a plus aucune signification. Donc on ne risque pas d'en changer la valeur, de lutter pour elle, puisque le but c'est d'en sortir...