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Dialectique des maisons

LES MAISONS ASTROLOGIQUES, JEU DE L'OIE INITIATIQUE.

Les maisons, c'est difficile, parce que cela revient à répartir notre vécu dans un espace, alors que c'est plutôt le temps son domaine. Mais l'on s'y retrouve, car on a vraiment des lieux intérieurs privilégiés, comme les sentiments, les valeurs, les aspirations, et des lieux objectifs qui nous sollicitent, comme le foyer, le travail, les itinéraires habituels, etc. Le zodiaque des maisons confond les lieux intérieurs et extérieurs, mais par exemple pour l'ascendant, il n'y a pas de franche correspondance spatiale: c'est là que nous utilisons pour le moi, un type d'énergie donné à la naissance, et le lieu de l'ascendant, c'est plutôt le présent.

Puis en maison 2, le moi s'approprie l'univers parce qu'il le ressent et le voit, et il doit en tirer partie pour lui-même.

En 3, c'est le début de la contrainte existentielle pure, on ne fait pas que respirer et s'approprier le champ, on dépend de l'entourage immédiat, il faut reconnaître les proches, prendre conscience de la dualité, comprendre que, contrairement à la maison 2, ici on ne peut pas tout s'approprier pour soi. Il faut vérifier le contact avec le présent en maison 3, ici, ce doit être très spontané, c'est l'immédiateté qui se mélange au contexte immédiat, sensible. Il y a déjà une résistance, mais en même temps, on profite du champ pour apprendre avec l'entourage, et prendre conscience de son milieu. Mercure va très bien ici, on s'est fait les dents avec l'ascendant qui projette son énergie pour servir le moi, on s'est ouvert à toucher les choses et à se les approprier avec la maison 2, on a fait sien l'univers, maintenant ce n'est pas si facile que ça de le contenir: les autres ne sont pas nous, et ils commencent à tourner autour dans cette maison 3, où le champ s'échappe à nouveau.

Alors en 4, il faut prendre position par rapport au champ, on sait qu'on peut le faire sien, comme en 2, et en même temps, on découvre qu'il sera toujours plus grand que nos capacités à l'accueillir, à l'arpenter, à le subordonner. On verticalise le temps, alors on décide de le faire entrer dans des limites précises, on ne l'utilisera pas n'importe comment. Il faut donc établir un compromis entre le besoin de se l'approprier et l'impossibilité de le faire complètement. Ce sont les valeurs de la maison 4, souvent un cercle d'habitudes morales avec des interdits et des devoirs, où l'on choisit quelle position prendre, — c'est-à-dire comment va-t-on se nourrir de ce que le non-moi nous apporte? Est-ce qu'on va tout manger, se bâfrer, est-ce qu'on va choisir d'établir une stratégie? Il faut décider de ramener ce que l'on vit à un sens, à un sens concret même. Il est nécessaire de se forger une vision des choses rudimentaire, et de fixer certains termes, mais cela se fait en général dans le prolongement du code tribal. Sinon, c'est comme si l'on restait en maison 3 et qu'on ne tire absolument rien du mouvement avec les autres, mais c'est impossible, on ne peut pas passer notre temps à jouer toute la journée comme les enfants de quatre et cinq ans. À un moment donné, c'est déjà crucial, mais il faut choisir, et c'est là qu'on construit la 4: on veut vivre confusément pour quelque chose, et tirer partie du passage de la durée. Il faudra qu'il en reste quelques pépites, qui donnent confiance dans la suite, alors la 4, c'est déjà assez large, parce que le zodiaque des maisons est construit en colimaçon, c'est étroit au début, c'est le moi à l'ascendant qui capte le présent, et puis ça prend une tournure exponentielle à chaque station, comme ce qui se déploie à partir du centre d'un coquillage, ça s'ouvre davantage à chaque boucle. Alors la maison 4, c'est déjà grand intérieurement, même si physiquement c'est petit, le foyer, l'endroit où l'on vit. Intérieurement, il y a déjà une représentation du sens de la vie, le sentiment confus qu'elle doit mener quelque part, il y a des imaginaires qui interviennent... Mais mener qui, et où? Voilà pourquoi les questions qui se posent nécessairement en 4, avec la double conscience du territoire, le domaine intérieur de ce que la vie doit apporter d'une part, un a priori naïf mais fondateur, et d'autre part, le territoire concret où l'on se pose pour se construire, oui, les deux terrains se confondent et les questions qui se posent en 4 (puisqu'il faut bien établir une «ligne» de conduite), interpellent le sujet... Les possibilités du 4 doivent déjà réveiller un individu, interpeller le sujet jusqu'à ce qu'il décide de prendre en charge les quatre premières maisons.

Mais s'il n'est pas assez conscient, le moi se contente de se confondre avec son environnement et il tourne en rond. Alors on peut dire qu'à la cinquième maison déjà, les virtualités apparaissent, les germes sont là, mais qu'on ne sait pas de quoi cela va dépendre que ça pousse! Il y a beaucoup d'êtres humains qui ne vont même pas jusqu'à la maison 5, par exemple ces femmes simples, au physique corpulent, qu'on trouve dans le monde entier occupées à prendre soin exclusivement de la famille, de la maison. Il n'y a rien d'autre, et elles n'arrêtent pas. De l'enfance à la vieillesse, elles n'auront fait que prolonger la même chose, et bien il doit y avoir quand même des satisfactions dans ce type d'existence, sinon elles seraient déjà abolies. Nous devons rester larges, ce n'est pas parce que nous voulons changer d'espèce que nous devons «juger» la vieille espèce. Simplement, on s'en protège, et elle ne peut pas nous empêcher d'avancer. Dans la mesure où le temps nous traverse, le moi peut décanter un minimum ce qui lui arrive, et le comparer à ses attentes. C'est alors qu'il peut aspirer à être, à se différencier, et c'est la symbolique de la maison 5. Mais comme naturellement, chacun aspire à la satisfaction, dans une couche événementielle inférieure, la maison 5 va représenter le plaisir, ou le besoin du plaisir et du gratifiant. Il y a des personnes qui ont une maison 5 tyrannique, pleine à ras bord, si un jour ils ne dépassent pas leurs besoins insatiables, ils s'inféodent aux plaisirs et le moi profond est relégué. On peut toujours superposer le champ extérieur de la maison, avec une symbolique plus lourde, et le champ intérieur, et voir comment le sujet navigue. Même en allant loin dans la satisfaction des choses, on peut revenir à la fin vers l'essentiel. Il y a beaucoup d'êtres humains très sympathiques, qui ne feraient pas de mal à une mouche, et qui sont subjugués par le sexe, ou d'autres besoins vitaux. Ce n'est pas rédhibitoire, il faut comprendre aussi que si la vie n'apporte rien, ce n'est pas la peine de vouloir devenir un individu, autant rester un matricule.

Alors il faut émettre l'hypothèse que la maison 5 est la première grande ouverture vers les possibles, soit se former un ego rajasique qui donne aux satisfactions un statut souverain, pour «jouir de la vie», soit comprendre que la jouissance a pour but d'élargir le moi, puis de le laisser tranquille un peu plus tard, pour qu'il cherche des satisfactions supérieures, maintenant qu'il aura été initié à la satisfaction, par les plaisirs des sens et le bien-être. Bien sûr, je me situe toujours dans une perspective de réconciliation vie/Esprit, je ne peux plus être manichéen du tout. Les choses se renversent, je n'ai rien contre le plaisir, c'est sa place qui est difficile à trouver, mais pour le moment, dans notre étude, on se contente de considérer que le moi en maison 5 mélange dans un seul alambic différents types de satisfactions, et qu'il ne sait pas encore bien les différencier. Le plaisir est une satisfaction, mais être soi-même aussi, et chercher comment se découvrir mieux, cela peut devenir un mobile de satisfaction, et un tremplin vers plus de plénitude, une meilleure adéquation entre soi et le champ. Sacrés veinards de soleils Lion, ils aiment naturellement s'attaquer à leur identité, et même s'ils le font généralement avec une complaisance ridicule, ils ont trouvé un truc. Il faudrait pouvoir leur piquer leur méthode, et la refiler aux Vierge et aux Balance en particulier, mais ils n'y tiennent pas, ils perdraient un certain pouvoir qui leur est bien utile, les Lion, enfin certains Lion ont parfois un air entendu qui est à proprement parler insoutenable pour moi, mais avec ça, en général, ils soumettent l'entourage sans coup férir. Bref, la maison 5, c'est déjà un défi, préférer être qu'avoir, non pas dans le sens matériel, de posséder des objets, mais dans le sens de posséder du temps gratifiant en abondance, soit donc des plaisirs, et là, la nature est très forte. Certains parviennent à quitter le sexe, mais c'est pour tomber dans l'esclavage du tapis vert, alors c'est le moi qui doit nous intéresser, le besoin de satisfaction, sa nature, et non pas les objets qui remplissent ce besoin. Cela est variable, et des substitutions peuvent avoir lieu. Donc, la maison 5, c'est très important, puisque le moi a fait l'expérience des quatre premières maisons, et que, maintenant, il en redemande. Il ne va pas rester terré dans sa stratégie bien établie, cristallisée de la 4. Le temps passe, et il veut à nouveau en faire quelque chose de plus léger, de plus libre que l'usage établi en 4, avec des règles. Donc, il y a un antagonisme violent entre la 4 et la 5. C'est la mentalité beurre et argent du beurre chez les hommes. «J'aime ma femme et mes enfants et je suis fier de mon boulot, mais c'est ma jeune maîtresse qui fait tenir tout ça ensemble, heureusement que Paul me tient lieu d'alibi avec nos parties de poker.»

Cela ne sert à rien d'estomper les antagonismes, il faut comprendre que le vital est puissant, que le mental est puissant, que nous sommes l'objet de ces forces-là, et qu'elles se répartissent selon des prismes qui les diffractent. On peut collaborer, quand on en a assez d'être victime... Bon, la maison 5, c'est d'un seul coup le champ qui apparaît à disposition entière, parce qu'on a réglé les détails de la vie contingente, qui est encerclée avec quelques «valeurs», et alors le voilà comme une promesse, le champ, une mine... Et la question est «qui va s'emparer de tout ça, avec quelle liberté?». Parce qu'à ce moment-là, l'être humain doit apprendre ce qui le concerne et ce qui ne le concerne pas, mais le champ est si vaste qu'il commence à se ruer vers le gratifiant, cela, on est sûr que ça nous concerne, le plaisir est meilleur que la douleur, ce n'est pas la peine d'aller prendre conseil chez qui que ce soit. Alors s'érige ce culte de la liberté, par lequel chacun veut à la fois être et s'approprier ce qui lui convient, dans une certaine lumière bien entendu. On ne peut plus parler de convoitise en 5, dès qu'on dépasse la recherche du plaisir, on se dirige vers la notion d'un équilibre, d'un bien-être en circuit ouvert. On sait ce dont on a besoin à l'extérieur pour se sentir mieux à l'intérieur. Souvent chez les femmes, le besoin de vivre des sentiments profonds les aide à trouver un moi plus vrai, elles n'ont donc pas le droit à l'erreur dans le choix du partenaire, pourtant elles sont douées pour se tromper, si j'en crois mon expérience d'astrologue occasionnel. Chez l'homme, c'est différent, il a besoin de se prouver des choses à lui-même, et l'on peut trouver dans la maison 5 toute cette symbolique de l'aléatoire qui est absolument absente de la 4: risque, défi, enjeu, pari. Ce qui veut dire que la maison 5 est vraiment très intéressante, elle ne renferme pas le non-moi dans les structures du moi comme dans la 4, elle jette à l'eau l'humain, même s'il ne sait pas nager. «Débrouille-toi», c'est ça, la 5. «Débrouille-toi, prends ce que tu veux, dérobe ce que tu veux à la vie, fais-toi les dents à droite et à gauche, séduis, provoque, trahis, brûle ce que tu as adoré, adore ce que tu as brûlé... Quand tu en auras assez, tu comprendras définitivement que tu es un être. Quoi que tu fasses, tu ne seras jamais l'objet que tu as investi, alors commence tout de suite à comprendre que tu continues d'exister quoi qu'il t'arrive... Ne t'acharne pas au meilleur, c'est juste l'inverse du pire, et de toute façon, tu ES, au fond du trou ou quand tu fais un tube dans la vague, de toute façon, tu ES.» Alors, c'est vraiment une grande claque pour les trois-quarts de l'humanité qui ne cherchent qu'à adhérer à la vie de la manière la plus convenable. Ce logiciel de la maison 5, c'est une bombe à retardement. Quoi qu'on refuse ou qu'on accepte, on est un sujet, on existe... Même quand on ne s'identifie à rien, et ça, il vaut mieux le découvrir dans une phase ascendante, dans un moment où ça va, si on le découvre quand ça va mal, c'est catastrophique, on repart la tête sous le bras de chez l'astrologue, avec une dépression en prime. Alors on peut supposer que la pléthore de satisfactions réveille le moi mieux que la frustration, ce n'est pas plus idiot de commencer par avoir une vie bien remplie qui forme à l'expérience, et de finir avec une aspiration spirituelle naturelle, que de créer des dualités sans cesse et de se torturer entre l'amour de la vie et celui de la Vérité ou du Divin. Refuser la 5, ce peut être très dangereux. Les grenouilles de bénitier, par exemple... Et s'y abandonner, c'est pareil.

Le gouffre.

C'est la première maison où il faut apprendre le surf.

Avant, la notion d'équilibre n'est pas vraiment indispensable, l'ascendant, il fait son boulot avec sa planète maîtresse, et seule la forme peut être remise en question. La maison 2, c'est clair, le non-moi sert le moi, on se sert, le mouvement est facile à comprendre, en 3, le champ s'ouvre, mais dans un cercle immédiat qu'on apprend à comprendre. En 4, on établit les lieux qu'on occupe, valeurs et cadre de vie, au petit bonheur la chance. Mais en 5, le moi se cherche à travers le champ entier, et comme c'est encore l'hémisphère inférieur, le sujet doit instrumentaliser le champ d'une manière ou d'une autre, c'est ce qu'on appelle la liberté de chacun. Mais le champ est vraiment là, concrètement, alors, si on l'utilise trop pour soi-même, déjà on le racornit, on le subordonne, on perd la curiosité panoramique, et on la spécialise dans quelques petits secteurs contrôlables, et là c'est fini... On n'évolue déjà plus. Heureusement, il y aura des résistances en maison 8 et 12, pour ceux qui enferment le non-moi dans les prérogatives de la 5. La vie démentira leurs systèmes fermés. Je pourrais parler des heures sur la 5, alors retenons que le champ apparaît d'une nouvelle manière, et que le moi cherche réellement à en faire autre chose que dans la maison précédente. Et si chez soi, on sait qui l'on est, l'identité est beaucoup plus floue hors de sentiers battus, et c'est cela qui se passe, qui suis-je une fois sorti de ma coquille et de mes croyances, trempé dans le bain des possibles?

La maison 6 a mauvaise réputation, parce qu'on rencontre la résistance du champ à l'élan du moi qui s'est produit en 5. Action, réaction. C'est comme si le libre arbitre devait faire ses preuves, et comme en général ce n'est pas grand-chose le libre arbitre, un simple tri subjectif encore très penaud, malhabile, manipulé par des arrière-plans, la maison 6 montre que le champ résiste à la volonté du sujet, car dans la 5, la volonté s'est formée, elle est certes très égoïste, mais elle émerge et pas plus tôt obtenue, elle se mesure à la réalité autre qu'elle-même (je souligne pour les narcissiques, la réalité a le droit d'exister hors de votre consentement, et de jouer avec vous comme un torero avec un taureau). En six, elle est mise à l'épreuve, la volonté, et le moi avec, naturellement, parce qu'en fait, il faut synthétiser adroitement la 4 et la 5, et ça, c'est une autre paire de manches, parce que la 5 est toujours plus ouverte que la 4, alors rassembler les deux dans l'harmonie, c'est difficile, c'est vivre sans routine, savoir se renouveler sans pour autant fuir ou errer, c'est vivre l'ouverture dans une certaine stabilité, et ce n'est pas donné. Et puis, si l'on va plus profond, c'est tout simplement que l'hémisphère supérieur qu'on ne dit commencer qu'en 7, est déjà là. Oui, l'ombre du grand non-moi, de l'immense non-moi déborde vers la 6, avec le sentiment obscur qu'on a dans cette maison qu'on ne peut pas obtenir exactement ce qu'on veut. Cette maison est celle de la contrainte, après son espèce de suspension en maison 5, où tout semblait possible à condition qu'on le décide. Ici, le non-moi a pénétré un peu par effraction, parce qu'il est déjà présent, et l'on n'est pas encore censé le reconnaître. Alors, c'est comme un adversaire caché. On sent qu'on dépend de la collectivité, on doit s'ouvrir à la reconnaître d'une manière ou d'une autre, et comme l'on doit aussi rassembler toutes les maisons précédentes dans une unité stratégique, c'est quasi impossible. En maison 6, le champ n'apparaît plus comme en 5, prometteur, vaste, lumineux, il vient provoquer le sujet, et lui annonce que les vraies choses vont commencer, la confrontation entre lui et la totalité, la voilà qu'elle se profile, le côté matériel de l'existence est réintroduit, alors qu'en 5 on peut s'envoler dans le pur moment extatique ou créatif. Il traîne déjà des choses non réglées en 6, comme l'indépendance d'esprit... Si l'on ne sait pas encore «penser par soi-même», le moi va être récupéré dans un ensemble, dans un groupe où il aura des responsabilités limitées, ou bien des maladies se produisent, comme des signaux pour chercher l'équilibre, et qui montreront les limites du sujet. Cette maison n'est favorable que pour ceux qui cherchent vraiment à servir les autres, même humblement, sinon ce sera toujours la maison où on aura «le trac», avant le lever de rideau du Descendant, parce que là, tout va changer. Au contraire en 6, il y a toujours de drôles de mélanges entre ce que l'on fait pour soi ou pour les autres, ça navigue, ça se confond, on peut être dépendant matériellement, recevoir des charges qu'on ne peut pas refuser mais qui ne sont pas vraiment gratifiantes, c'est la maison du profil bas qui vient équilibrer la précédente, où il est facile de se croire tout permis si on se lâche un peu trop. En fait, le sujet est ramené à ce qu'il représente pour lui-même, non pas subjectivement comme en 5, mais par l'épreuve des faits. C'est intéressant, parce qu'en poussant la 5 un peu loin, on peut carrément s'inventer une identité pour soi-même, complètement fantaisiste ou erronée, on peut fanfaronner, mais la 6 arrive comme un crible, un test, et toute l'écume narcissique accumulée en 5 peut être nettoyée si l'on est sincère, parce qu'on ne se voit plus seulement comme sujet, mais comme partie d'un tout, matricule dans un emploi, rôle étriqué dans un contexte, et cela relativise énormément les possibilités pour l'égocentrisme de s'installer. Une maison 6 chargée, c'est un bon moyen de devenir humble rapidement, ou au contraire de se racornir, parce qu'on ne parvient pas à sortir du «profil bas», et que les efforts sont peu récompensés. Mais c'est une chance d'être confronté à l'adversité, d'un point de vue spirituel.

Maintenant vous comprenez la difficulté de l'incarnation, parce que le moi est minuscule et happé par différentes contraintes, alors le zodiaque des maisons, c'est vraiment une spirale, chaque nouvelle maison est censée avoir profité de l'expérience précédente et l'avoir intégrée. C'est difficile, déjà, avec un antagonisme créatif très puissant entre la maison 4 et la maison 5, la friction entre l'établi et le nouveau, l'acquis et ce qui reste à conquérir, alors la maison 6, qui exige une récapitulation harmonique des champs précédents, est en réalité trop contraignante pour un être humain, c'est difficile d'être à la hauteur, de faire évoluer la 4 avec la 5 sans rétrécir la 5 dans la cristallisation 4, ou sans détruire la 4 dans l'ouverture permanente en 5. Dès la 6, on commence à payer les petites erreurs de la liberté, comme se sous-estimer ou se surestimer, parce que dans cette maison, on représente pour les autres des choses qu'on ne veut pas forcément représenter pour soi-même. Le champ extérieur commence à avoir un droit de regard sur nous, et cela se ressent comme un poids. Les bulles subjectives crèvent, et on se prépare au grand lever de rideau.

En fait, après mûre réflexion, c'est ainsi qu'il faut présenter les maisons, dans les six premières, l'hémisphère inférieur, le moi est conscient du champ, mais un peu comme s'il était le prolongement de lui-même, alors il en tire cahin-caha quelque chose, il l'expérimente et l'instrumentalise, et en 5, carrément, le moi peut se consacrer à lui-même en tant que sujet, et revoir donc tous les mécanismes à travers lesquels il vivait le champ auparavant. Par champ, j'entends le mélange de ce que l'on perçoit dans le présent, le temps et tous les objets que nous pouvons percevoir, concrets ou abstraits, tout ce qui tombe sous notre juridiction parce que nous vivons en milieu ouvert. On a le droit d'être subjectif dans les six premières maisons, je le répète, on «se fait les dents»; il faut se tailler un territoire qui nous aide, communiquer avec les proches, bâtir des valeurs comme des repères, et puis on commence à souhaiter des choses en maison 5, parce que le champ peut tout offrir, et qu'il faut choisir. Et on comprend que pour mieux choisir, on doit avoir une vraie consistance, alors on se penche sur soi-même avec plus d'attention, certains creusent un peu, cherchent leurs limites, leurs objectifs, mais souvent la maison 5 reste inexploitée.

Avec le Descendant, la vie devient autre. Qui que l'on se soit, on fait une rencontre capitale: le non-moi est distinct de nous, mais c'est encore provisoirement caché, parce que dans le champ 7 on s'éprend de l'autre, et on l'intériorise avec le sentiment, alors on peut continuer de croire que le non-moi, c'est quelque chose qui doit devenir du moi. L'amour permet de mettre l'autre en soi, c'est un peu confus, mais puissant. On ressent ce besoin de reconnaître la totalité comme un allié en maison 7, alors le plus naturel, c'est encore de la symboliser dans l'être aimé, qui va servir d'intermédiaire entre soi et le Tout. Chacun éprouve le besoin de trouver quelqu'un d'autre qui soit vraiment complice, et, depuis des milliers d'années, l'amour frappe aveuglément les hommes et les femmes, parce que le plus souvent, cela ne peut pas durer. Mais quand ça fonctionne, le moi retrouve un sentiment d'unité, et l'adversité du non-moi est ainsi dissimulée. D'ailleurs, il y a des couples très unis qui vivent très longtemps ensemble, et qui ne comprennent pas vraiment ce qui arrive à ceux que l'adversité terrasse: leur vision du monde est si harmonieuse qu'ils savent bien qu'il existe parfois des difficultés, mais ils ne sentent pas la vie comme un adversaire. Ce que nous devons retenir, c'est que la maison 7 présente le non-moi sous un jour favorable, on croit que certaines attentes peuvent être comblées. C'est d'ailleurs ce qui rend si difficile Uranus et Pluton en maison 7. On croit au meilleur en 7, et il se dérobe, ou alors c'est très intense, mais éphémère. Et on ne sait jamais s'il faut recommencer... Alors cela ouvre une perspective sur les quatre angles, en un sens ils obligent, ils contraignent, ils forcent à se représenter le champ d'une manière ou d'une autre, et l'on y va, comment faire autrement? La maison 7, c'est comprendre que l'autre est une sorte de palier de décompression entre le moi et le Tout proprement dit. On commence par là: ce qui n'est pas nous, l'autre, l'objet investi de notre attention, de notre amour, nous fait encore croire qu'il fait partie de nous, et c'est rassurant. Le différent devient du même, et ça, c'est le rêve. Alors l'amour estompe le grand mystère du non-moi, du cosmos, du Divin, il place tout cela derrière l'autre, celui qu'on aime ou qu'on recherche, il place l'essentiel plus loin que ce que nous souhaitons découvrir, — une communion d'âme. Ce qui fait que presque tous les êtres humains s'arrêtent là: ils comptent sur l'amour, quittes à changer de partenaires, pour tout combler, ou alors, ce qui revient au même, ils s'enivrent du Descendant, apprécient beaucoup de choses, et éprouvent de la gratitude quand ils ont le temps. On peut aussi cultiver des loisirs nobles qui donnent des satisfactions subtiles, comme la bonne lecture, la pratique d'un art quelconque, mais nous n'en sommes qu'au début de la seconde moitié... Du cercle des maisons. On est déjà envoûté par un certain type d'attentes, et il y a encore 5 maisons derrière celle-là, alors oui, le champ est vaste, très vaste, et les astrologues n'y comprennent pas grand-chose, parce qu'ils n'ont pas compris à quel point toutes ces maisons obligent à des modèles de représentations donnés. Alors ils pataugent avec une vision des maisons claire, mais foncièrement étriquée. Il faut refaire le parcours en entier, comprendre pourquoi l'on passe d'une maison à une autre dans cet ordre-là. C'est un travail intérieur, initiatique. Si l'on se contente de gober le plan intellectuellement, on ne comprendra jamais les nervures. Et les nervures, c'est l'essentiel des maisons, c'est quand une maison arrive et qu'elle ne prolonge pas la précédente dans le même axe. La 5 ne prolonge pas la 4, par exemple, elle fait appel à d'autres couches de l'être, encore faut-il cesser de tout niveler, bien sûr.

Bon, on pourrait s'arrêter sur la 7, parce que c'est le descendant, un angle, mais il suffit de considérer que c'est l'arbre qui cache la forêt. C'est dans cette maison que les objets investis, que ce soit par l'amour ou l'estime, que ce soient des êtres humains ou des préoccupations privilégiées, peu importe, c'est ici que les objets investis symbolisent la réalité tout entière, au risque que la réalité vraie disparaisse, puisqu'elle est remplacée par les objets qui la représentent. Voilà, il faudrait méditer deux ou trois jours cette dernière phrase, parce que cela constitue un paradigme à part entière. En deux mots, on croit s'intéresser au réel, et puis on le trouve concentré quelque part, alors on adhère à cet objet complètement, et on finit par oublier tout ce qui l'entoure. L'arrière-plan disparaît, et on se noie dans le premier plan. C'est si important que Bouddha et Lao-Tseu étaient d'accord sur une fameuse doctrine qu'ils appelaient «l'indistinction», mais il est probable que Lao-Tseu ne tenait pas à la vulgariser, contrairement à Bouddha. Ils préconisaient de tout voir d'un œil égal, d'abolir préférences et aversions pour saisir l'unité homogène de la vie baignant dans le Tao. Autant dire qu'il y a un travail énorme à faire en 7, se libérer de l'objet tout en le reconnaissant, c'est le véritable amour qui n'est pas possessif, dans lequel il n'y a ni appropriation ni instrumentalisation de l'autre, du partenaire... On peut toujours essayer, ça fait remonter les survivances dynamiques: «Je t'aime tant que je te tue si tu t'en vas, ou une autre variante... Si tu t'en vas, je peux venir avec toi? !». En tout cas, sans vigilance, la maison 7 retient l'explorateur du réel et le capture par l'objet.

C'est bien fait, parce que grâce à la maison 8, impossible de s'enfermer. Là, il y a beaucoup de destruction. C'est aussi une nervure. La 8 ne prolonge pas la 7. C'est un seuil, l'individu redevient la propriété de l'univers, le Tout le réintègre dans son ordre à lui, cent fois plus vaste que le territoire du 7. Alors ça fait mal. Naturellement, puisque là on découvre l'autorité du non-moi sur nous, et il peut tout se permettre. Dans cette maison, on situe la mort des proches, les graves accidents, tout ce contre quoi notre volonté ne peut rien faire. Il est vrai qu'on y loge la sexualité, mais justement, on ne l'a pas demandée, elle appartient plus à la nature qu'à la conscience, et il suffit d'avoir une maison 8 un peu chargée pour que la sexualité, elle aussi, soit difficile. Alors, je suis catégorique, c'est l'inverse de la 2, ici le non-moi s'approprie notre personne, et il vaut mieux l'accepter. Si on souffre d'une 8 trop chargée, il semble qu'on manque de liberté, et ce n'est pas plus mal, c'est pour découvrir un principe de conformité au réel, ou au Divin. C'est un parcours du combattant pour aider à se débarrasser des scories subjectives. Il vaut mieux aimer le réel de toute façon, mais c'est vrai qu'on peut en être dégoûté si la 8 est chargée, alors en général on peut chercher en amont, se dire qu'il y a des résidus en 8 d'erreurs de l'âme au cours de ses passages sur Terre, une petite formation de contentieux, mais même si on y trouve un effet boomerang, ça ne soulage pas pour autant. Seulement, la conformité cosmique doit être retrouvée. On est prévenu qu'il faut chercher une boussole, et que sans cela, on se heurtera toujours aux mêmes impasses, détours et faux semblants. Je sais qu'on peut se révolter contre cette autorité souveraine du Tout, mais cela ne sert à rien, et ne répare même pas les injustices. Alors, oui, il peut tout se permettre, le réel, mais déjà, si nous étions capables de l'améliorer sur le plan humain, une bonne partie des préjudices serait évitée.

Les maisons changent souvent de polarité chronologiquement, ouverture, fermeture. Ainsi la 7 donne le préjugé favorable au non-moi, et puis c'est démenti par la 8, qui tempère, pour ne pas dire plus. Et avec la neuf, à nouveau le non-moi se dévoile, dans l'espace qui commence à être au-delà de l'humain. C'est donc enfin une maison où l'on est délivré du poids de l'objet. En contrepartie, on ne sait plus à quoi s'identifier, puisqu'il n'y a plus d'objet attracteur. Et là, ça devient vraiment intéressant: la réalité devient enfin une énigme, une globalité souveraine, puisqu'on ne sait plus comment l'instrumentaliser. Alors, on tire des plans sur la comète. C'est exactement ça. On peut faire descendre le ciel en soi, placer l'univers à l'intérieur de soi, et positionner son identité par rapport au Tout. Mais il y a un problème technique en quelque sorte, si l'on n'a pas réveillé le moi en 5, il ne risque pas de se donner au Divin en 9. Ou alors, si, pour les gens très yin, ils commencent d'abord à ressentir l'appel de la 9, et ils finiront par comprendre qu'ils doivent être aussi quelqu'un, un vrai sujet, et que leurs «expériences» ne suffisent pas. Les expériences mystiques, et Dieu sait si j'en ai eu, ont un caractère discontinu, ça va, ça vient, même très belles, très élevées. Alors il faut construire un moi, un vrai socle. Voilà pourquoi j'ose affirmer pour tous les êtres qui sont déjà bien avancés sur le chemin que c'est la combinaison de la conscience de la 5 et de la conscience de la 9 qui va permettre une évolution juste, parfois rapide, parce qu'on va éviter les deux écueils majeurs, ne faire que se fermer pour s'affirmer, ne faire que s'ouvrir pour récolter ce qui vient d'en haut. En combinant la 5 et la 9, le progrès se répercute tout de suite sur l'ascendant, c'est-à-dire, mon cher Watson, sur la 12 également. Car la pointe de l'ascendant, sauf tout au début ou tout à la fin du signe, contient aussi un peu de 12. Alors pour libérer la 12, 5 et 9 ensemble c'est efficace, mais si l'on fait du symbolisme, avec les correspondances, ça libère aussi partout dans le thème, parce que cela permet de mieux supporter les carrés, et de moins cristalliser les choses aussi, parce que la 5 et la 9 sont des lieux très dynamiques, quel que soit leur signe. Parce qu'on est dans la symbolique des maisons, et que c'est individuel. Alors le feng shui des maisons n'a rien à voir avec celui des signes. Notre conscience agit directement sur les maisons. On peut changer la représentation de chaque maison en un clin d'œil, c'est facile et possible. Beaucoup plus facile que changer l'énergie d'une planète ou d'un signe, mais justement, on amorce le changement plus difficile par celui qui est le plus facile. On peut complètement transformer les modèles intérieurs des maisons, et comprendre simplement quelle stratégie adopter. La stratégie en 5 est conquérante de toute façon, on doit expérimenter à sa façon. En 8, on se prépare à expérimenter sous la contrainte, sans choisir... Mais c'est toujours nous-mêmes aux prises avec le réel, parfois on décide, parfois on subit, mais si l'émotionnel a été transformé, on profite autant des périodes où le non-moi nous met des bâtons dans les roues que de celles où le favorable nous sert, et où notre volonté s'accomplit. Plus on va loin dans la conscience, plus on se rend compte qu'il ne s'agit là que de «formes». La forme favorable et aisée est plus agréable, soit, mais comme l'univers n'est pas à notre disposition, les formes difficiles peuvent être accueillies. Dans le fond, c'est exactement la même chose, le temps nous traverse, et on peut en tirer de la connaissance. J'adore la maison 9, pourtant désertée par les êtres humains, alors comme ils la sautent, ils se retrouvent avec une maison 10 convenue, une maison 11 pauvre, et une 12 qui les titille. Les maisons, c'est un magnifique jeu de l'oie. Si on saute certaines cases, il faut parfois retourner à la case départ. Nous sommes des pions. La conscience suprême se cherche à travers nous, et nous devons apprendre à dire je correctement, en respectant le pouvoir mental, en mettant à sa place le pouvoir vital, en comprenant que le corps est une base essentielle. C'est un travail permanent. Mais toute la société veut nous faire sauter par-dessus la 5 et la 9, pour mieux nous récupérer en 6 et en 10, dans des rôles petits ou plus conséquents, mais qui limitent notre identité à servir une collectivité douteuse.

On peut très bien sauter la conscience d'une maison, car les pouvoirs planétaires sont plus forts aux Angles, comme l'a définitivement établi Kepler. À moins qu'un signifiant se trouve en fin de maison 9, auquel cas il travaille déjà en 10, on peut avoir de la peine à comprendre une planète en 9, et encore plus à activer le secteur s'il est vide. Pour la 8, c'est différent, elle est théoriquement loin des Angles, mais c'est Mars qui la gouverne, un pouvoir très concret, alors on prend conscience de la 8 à travers ce qui ne va pas, au lieu de prévenir les problèmes en investissant les signifiants qui s'y trouvent. Alors il y a cette question des maisons loin des Angles qui reste à trancher, et personne n'est d'accord là-dessus. La maison 11 reste difficile à interpréter, comme la 9 et la 2, mais moi je dirais comme pour la 5, que c'est là qu'on a la plus grande marge de manœuvre. On peut toujours équilibrer les Angles, où d'une certaine manière nous sommes conjugués, par les pouvoirs qui se trouvent dans la 5, la 9 et la 11, qui sont des zones pleines de virtualités. C'est assez simple, les pouvoirs agissent à travers nous aux Angles, et la conscience peut remonter voir ce qu'ils fabriquent, elle a tout à y gagner. Mais dans certaines zones, l'action est floue, alors comme le zodiaque constitue une unité, il faut remplir ces maisons par notre propre volonté d'aller y voir ce qui s'y passe. On y trouve des choses larvées, c'est dommage, parce que souvent ce sont de très bonnes choses, à disposition, à condition de savoir qu'elles sont là. Alors, si on ne va pas à leur rencontre, seul le thème actif fonctionne, c'est-à-dire les Angles, les pouvoirs bien reliés, et on peut tomber sur un quart du thème à peu près, qui ne fonctionne pas, et qui pourrait coordonner tous le reste. Naturellement, pour comprendre cela, il faut d'abord saisir qu'on peut attribuer à l'univers l'intention de nous transformer, si nous, nous la reconnaissons. Le Réel n'exercera jamais une pression directe, ce n'est pas son principe, car la Vérité est forcément cachée. Elle ne peut pas être autrement que cachée, sinon elle serait plate, mécanique, procédurière. Il faut aller la chercher, et c'est dans cette quête qu'elle commence à représenter beaucoup, qu'on comprend qu'elle résiste, et que son prix est élevé. C'est ce qui en fait sa valeur, et la rend incorruptible. L'idée d'une vérité démocratique est absolument fausse. La recherche de la vérité, c'est le travail de la conscience sur elle-même, rien d'autre, et puis on se rend compte que la conscience ne peut pas être morcelée, qu'elle possède différents niveaux, mais que c'est toujours Elle qui est à l'œuvre. Alors, cela libère beaucoup.

On peut considérer que la maison 5 signe la possibilité d'une expansion du moi pour le moi, en passant par l'expérience du champ reconnu comme un partenaire, alors que la 9 signe la possibilité de l'expansion du moi par la reconnaissance absolue du champ. Alors, ça fait une nouvelle nervure. La 5 est la première nervure, puis la 8 et la 9 se succèdent et envoient presque toute l'humanité dans le décor, car il faut accélérer à la fin du virage pour retrouver la ligne droite sans déraper, et comme on freine par peur, on sort de la route.

Là, ça tient vraiment debout, la nouveauté absolue de la maison 9, parce qu'il fallait bien organiser le moi avec deux maîtrises de Mars, deux maîtrises de Vénus, deux maîtrises de Mercure, et un couple soleil-lune, pour le préparer à l'aventure cosmique. C'est très bien fait, n'empêche. Et si vous regardez bien la répartition, c'est équilibré, un Mars pour le dedans, en Scorpion, qui fait pénétrer le non-moi à l'intérieur, un Mars pour le dehors en Bélier, Une Vénus pour l'intérieur en Taureau, qui introduit l'amour de la vie et de la matière, une Vénus pour jouer à l'extérieur, qui se projette idéalement sur des objets, un Mercure qui aime abstraire et volatiliser, un autre qui matérialise avec la Vierge, un soleil pour fonder le moi, et une lune pour fonder l'immédiateté, et la souveraineté du présent. Il y a tout le nécessaire, après, la conscience exploite la mine si elle le désire, c'est illimité, et pour cela elle s'appuie sur Jupiter, qui donne le ciel intérieur, et favorise. Comment, ce n'est pas le problème. Il favorise, c'est tout. Donc, faire attention à ce qu'il ne favorise pas n'importe comment, car il favorise n'importe quoi. Il y a des réussites encombrantes, comme les collections de trophées amoureux, ce n'est peut-être pas le meilleur pour l'évolution de l'âme, alors comme tout tombe sous la juridiction de la matière ici-bas, certains cadeaux jupitériens sont empoisonnés, tous ceux qui par l'excès apportent des gratifications. Il faut en quelque sorte capter Jupiter sur le plan informel, et là, il donne beaucoup à l'âme, mais si on se moque de lui, il peut envoyer des boursouflures de tout acabit, de faux soleils spirituels aux narcissiques, de fausses voies à ceux qui veulent instrumentaliser le réel aux ambitions de leur ego spirituel, parce que, pour caricaturer, Jupiter est tellement bienveillant qu'il est prêt à tout pour nous faire plaisir, alors quelqu'un qui demande la Vérité à partir d'une conscience du mensonge, il va lui donner en quelque sorte. C'est comme s'il disait, «tiens ça lui fait plaisir de s'imaginer qu'il est dans la vérité, alors je lui donne ce qu'il demande, mais comme il n'est pas capable de voir que c'est de la roupie de sansonnet, il sera content quand même, je n'ai qu'à lui donner l'illusion qui lui est la plus chère...»

Bon, je plaisante bien sûr, Jupiter n'est pas un être, mais que n'importe quoi puisse se développer à outrance, et donner le change dans la recherche du gratifiant, ou du gratifiant transcendantal cher au Nouvel-Age, cela, c'est certain. Alors Jupiter, oui, il est tellement fait pour donner, qu'il ne faut surtout pas lui demander n'importe quoi, parce qu'il pourrait l'attribuer. Il y a beaucoup d'êtres humains qui sont pénalisés par leurs talents, ils sont devenus tellement supérieurs quelque part, qu'ils ne peuvent plus faire un seul pas avec innocence, vers le Divin, ou l'absolu. C'est tellement affligeant qu'à une époque je ne pouvais pas supporter longtemps physiquement une personne qui n'avait aucune ouverture en 9, si l'on traduit. Je me souviens de petits malaises physiques, avec un Scorpion rencontré par hasard, qui avait absolument tout ramené à lui, j'avais sympathisé parce qu'il n'était pas méchant et je crois qu'il était musicien, on devait jouer ensemble à la maison, mais aucune parcelle de lui ne reconnaissait l'existence comme faite pour autre chose que sa petite personne... Je ne le savais pas, mais quand j'ai eu l'impression d'étouffer, les poumons commençaient à ne plus savoir donner de la tête, j'ai dû abréger la soirée, et j'ai VU que ce type ne pouvait pas se poser la moindre question qui le remettrait en question dans son enfermement triomphal. Et à la même époque, un couple rencontré en voyage, la même chose, je me retrouve mal physiquement, ils étaient parvenus à voyager en Inde sans se rendre compte de rien, tout en fumant des pétards, la performance absolue. Heureusement, la transformation pour moi n'a pas continué dans ce sens, ce serait devenu invivable, alors je me suis élargi pour tout admettre, tout accepter, sinon je «pétais les plombs», mais je reconnais que j'ai freiné un moment... Tout ça pour dire qu'avec la 9, on peut enfin découvrir un cordon ombilical qui nous relie au Divin, même s'il est ténu au début, il existe. Mais si on ne le voit pas, il ne s'imposera jamais de lui-même.

La maison 9 est la seconde maison où le surf est nécessaire, car l'imagination s'empare des désirs spirituels et fait prendre des vessies pour des lanternes.

Bon, assez parlé de l'aléatoire. La maison 10, elle, elle est puissante. Tout corps qui se trouve dans une orbe de moins de 10 degrés du MC devient l'antenne du petit humain cosmique. Cela traverse, c'est tellement à disposition que cela peut presque avoir une existence indépendante. On voit ça avec des femmes assez ordinaires qui ont Neptune au MC, et qui deviennent subitement voyantes, elles racontent un tas de choses, et c'est souvent vrai, et elles ne savent même pas pourquoi. Moi, j'ai Vénus un peu loin, mais c'est la planète la plus haute, je voulais être chanteur engagé quand j'avais dix-huit ans, il y avait Brel et Brassens à l'époque, et Léo Ferré, qui ressemblait à sa guenon, et je me voyais bien réveiller les foules avec des chansons mystiques. Je composais facilement paroles et musique sur une guitare. Ceci dit, si on ne «travaille» pas le signifiant en 10, il ne se relie pas forcément facilement au reste, alors il faut faire attention, parce qu'il peut tout colorer, sans pour autant vraiment s'intégrer, en tout cas, ça se manifeste tout seul. Et c'est étrange, parce que la fonction en 10 est souvent plus perçue par les autres que par soi-même. Par exemple, il y a des gens qui s'imaginent réellement que je suis un artiste, car j'ai toujours un synthé, et dans la famille on sait que j'ai toujours chanté, mais pour moi, ça vient après beaucoup d'autres choses. Alors, avec Vénus ça va. Mais ceux qui ont Pluton ou Uranus au MC, souvent ils sont mal perçus et ils n'y peuvent rien, les autres sentent la puissance concentrée de Pluton, et ils se méfient, ou l'impétuosité uranienne et ils ne savent pas sur quel pied danser. C'est très amusant, et les autres peuvent nous aider à intégrer ce qui ressort malgré nous, avec cette puissance figée au MC, une antenne qui doit fonctionner, et qu'on doit pouvoir utiliser dans le champ social, en tout cas extérieur. Naturellement, on pourrait parler des heures aussi, sur la maison 10, mais ce qu'il faut retenir, c'est que c'est tellement donné au départ que les couches superficielles sont quasi autonomes, et qu'il faut par la suite nettoyer les racines bourbeuses d'un côté et monter chercher la fréquence céleste de l'autre, mais au moins, le pouvoir, il est là, il n'y a même pas à le réveiller.

J'aime beaucoup la onzième maison, alors que peu d'astrologues savent l'interpréter. En fait, nous sommes rentrés dans l'ordre cosmique en 9, et en 10, il se manifeste à travers nous, car nous manifestons nécessairement dans le champ global le ou les signifiants du MC. Maintenant, dans les deux dernières maisons, on peut le dire en langage mental, l'univers attend de nous quelque chose. En fait, il n'attend rien, mais traduit en langue humaine, il attend, dans la mesure où il a placé là des potentialités très intéressantes, mais lointaines. Pour une conscience évoluée, les deux dernières maisons sont celles de l'exigence de Dieu, si l'on veut. C'est-à-dire qu'on peut commencer à récolter ce que l'on a semé, c'est pour cela qu'on dit que la maison 11 est favorable, d'abord elle est peu contraignante dans l'événementiel, et ensuite elle est nimbée de l'avenir. Moi je dis plutôt qu'elle fonctionne quand le présent est riche, autre chose que du passé perpétué, parce qu'à ce moment-là le présent mène directement à l'avenir, il ne l'étouffe pas, ne le filtre pas. Dans un sens, c'est difficile d'être à la hauteur de la 11, mais si l'on n'y arrive pas, ce n'est pas si grave, ce n'est pas une maison qui pénalise, sauf poids particulier. On peut juste passer à côté d'opportunités par manque de conscience, et si l'on est vraiment vigilant, c'est une maison qu'on a envie de vivre, parce qu'elle est pleine de promesses et nous demande de transformer le réel. Avec tout ce que l'on connaît déjà, on peut récapituler le zodiaque en 11, et donner tout ce que l'on a à l'univers pour le faire avancer. Mais cela demeure virtuel, c'est la cerise sur le gâteau. On vit pour incarner la conscience, mais on sait qu'elle ne nous appartient pas, alors on la reconnaît chez les autres, et on veut seulement que cela se répande, l'Intelligence divine, alors on souhaite devenir un instrument. Je peux me permettre de parler ainsi parce que j'ai Jupiter, Lune et Mercure en 11, avec le soleil qui touche la cuspide de 12, selon la domification employée. Alors bien sûr, le risque c'est de trop vouloir que les choses changent, et de ne pas supporter le quotidien. Pourtant, c'est plausible d'accepter d'être tracté vers autre chose, l'homme cosmique qui supplante l'homme familial de la 4 et l'homme social de la 10. C'est une maison très large, où l'on peut vraiment respirer à son aise, car elle ne représente pas encore un territoire historique, elle caractérise une merveilleuse étendue, faite des souhaits solaires de l'homme, elle entasse les utopies jusqu'à ce qu'à un moment donné, tout se renverse et que le monde change réellement. Je ne peux que conseiller à chacun d'investir de près le(s) signifiants en 11, et à défaut si le secteur est vide, d'inspecter la planète maîtresse du signe traversé par la cuspide. Il faudra, en quelque sorte, que la planète maîtresse s'élargisse, travaille, où qu'elle se trouve, avec l'arrière-plan de ce qui s'avance, sans que cela ne devienne une fuite en avant. C'est un lieu du zodiaque qui, en quelque sorte, rachète la maison 8, et complète admirablement la 5, à condition d'être passé par la 9, de s'être donné en 9 au projet céleste de la transformation humaine. À ce moment-là, les maisons virtuelles, activées par la conscience, rattrapent la prépondérance naturelle des maisons investies par la nature, et la transcendance se manifeste automatiquement. Le jeu de la nature a été renversé par le potentiel devenu actuel. C'est gagné. Oui, à condition de ne pas se laisser entraîner par les automatismes des maisons d'angles si elles sont fortement acceptées. On peut passer sa vie dans un coin seulement du thème, un ou deux, c'est très facile: il suffit de laisser faire l'énergie sans intervenir, et elle va se concentrer sur les points forts en volume, en puissance; cela peut être des points faibles en qualité, mais pour la nature, c'est la puissance qui compte. Donc de «mauvais» aspects puissants fonctionnent mieux que de faibles aspects réputés favorables. À partir d'un certain moment, les choses semblent tragiques, surtout si on emploie le rebondissement des maîtrises, par exemple maître de 6 en 12 plus maître de 1 en 8, ce genre de choses, mathématiquement, ça donne le vertige, et pour les personnes qui ont de très mauvais thèmes, elles acceptent difficilement qu'un astrologue justifie leurs souffrances en s'appuyant sur l'interprétation. Cela peut devenir un cercle vicieux, et la personne s'enferme, mais légitimer la souffrance ne veut pas dire qu'on va l'encourager, ou s'avancer sur le fait qu'elle est méritée. Pas du tout. On en reste aux faits. Cela veut dire: «eh bien votre thème est si difficile, d'ailleurs je ne vous l'apprends pas, que vous feriez mieux de m'écouter attentivement, je vous conseille d'apprendre à souffrir intelligemment, car vous n'êtes pas sorti de l'auberge.» Or, il y en a qui veulent en finir avec la souffrance avant même de savoir à quoi elle peut bien servir. Je les comprends, s'ils ont vraiment souffert, c'est la sortie qui compte, mais ils ne la cherchent pas correctement, alors la souffrance s'acharne. J'ai beaucoup appris avec la consultation, il faut faire sortir le virtuel, qui lui, n'est pas contaminé, pour contrer les contaminations naturelles des «mauvais» aspects. Les astrologues humanistes jouent aux snobs, et répètent comme des perroquets qu'il n'y a pas de mauvais aspects, sous prétexte qu'on peut les transformer. C'est comme nier que l'immeuble est en feu sous prétexte que les pompiers arrivent. Il y a de très mauvais aspects qui donnent du fil à retordre, et se cacher derrière des velléités transcendantales pour en amoindrir la puissance de principe, c'est débile. Les astrologues «horaires» ne sont peut-être pas très ouverts au transcendant, mais ils n'ont quand même pas inventé la grille des maléfices de Mars et Saturne juste pour jouer à se faire peur. Alors, oui, il faut s'empoigner avec son thème, et supposer que la Conscience est plus forte que la nature, sinon ce n'est pas la peine...

Enfin, nous arrivons au bout, et nous sommes confrontés à nos limites en maison 12. Et moins on veut les voir, plus elles nous attaquent, ce n'est donc pas compliqué. Il y en a qui ne croient pas aux portes transparentes, et un jour ils se cassent le nez à l'entrée d'un bel immeuble, parce qu'on vient de nettoyer la vitre. Cela fait très mal si on arrive en courant ou presque. Il y a toujours de petits malins qui considérent qu'ils s'offenseraient eux-mêmes à prendre des précautions dans la vie, ils traversent tout la conscience tranquille, sans égard pour personne, mais la maison 12 les attend à la fin du parcours, comme le froid attendait Napoléon en Russie. Pourtant ce n'est pas un juge qui supervise la 12 (à moins que Saturne y loge, naturellement), c'est simplement que là le cosmos nous dépouille de tout ce qui ne lui est pas nécessaire, alors forcément, si l'on n'a pas œuvré pour la Conscience, il ne reste pas grand-chose en maison 12. Ou, comme on dit, des épreuves, des événements qui semblent n'avoir aucune utilité, car ils ne peuvent plus servir l'ego... Alors si l'ego est encore là, il ne comprend plus ce qui lui arrive. La symbolique des signifiants en 12 est merveilleuse, le soleils en 12 sont capables du meilleur et du pire, c'est étrange, mais la lune en 12, c'est toujours difficile pour les femmes, comme un boulet, il y a quelque chose de fondamental à résoudre, de très profond, c'est parfois insondable. On cherche le sens de la maison 12 en tournant autour du pot, «rappel à l'ordre», «rectification karmique», «passage initiatique par l'enfer», etc. Cela dépend, ce que j'ai vu parfois en consultation, c'est que le pouvoir en 12 était laissé de côté par la personne, comme s'il n'existait pas, ou comme si au contraire, il agissait depuis la 12 pour donner le pire de lui-même. J'ai vu cela avec des Neptune en 12. L'enfermement par impossibilité de prendre une vraie décision, le Neptune subconscient soufflant la solution de facilité, celle qui dérange le moins, et une fois j'ai vu que c'était karmique (j'ai toujours des frissons quand c'est karmique, et j'intercepte la fréquence). Donc, la 12, c'est vrai, elle ne fait pas de cadeaux, ce n'est pas son rôle. C'est comme un tamis, mais qui fonctionne à l'envers, ça laisse passer les pépites de lumière, mais ça retient les scories, et un jour, il faudra y revenir...

Les maisons, c'est un merveilleux jeu de l'oie (jeu de lois), où l'univers a tout prévu, et s'est même dévoilé à visage découvert, mais ça c'est une autre histoire...

À retenir, les chicanes du jeu de l'oie...

Nervure en 5: expansion potentielle du moi vers le moi solaire, par l'éveil intérieur de l'identité qui se cherche.

Nervure en 8: Le Non-moi s'approprie le moi et lui montre qui est le patron.

Nervure en 9: le moi reconnaît la totalité comme son souverain, inscrit le ciel intérieur en lui-même, et se soumet à la recherche exploratoire absolue.